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backIn my Hot Pants | Main | Fag Hagforward

20 August 2006

Étoile des Neiges

Comme une bille de flipper inerte, le garçon-fille était propulsé indéfiniment entre les différentes stations de la Topographie de la Terreur, du terrain vague qui faisait face à la chambre et où il pouvait s'enliser à tout moment, à l'antre du dragon, ces structures sportives  de contrôle où les corps sont policés, dévoilés et neutralisés sous le regard fixe de l'institution. Le troisième point de cette triangulation funeste était représenté par le supermarché - le tout premier de France - où la chasse aux déviants se révélait tout aussi appliquée et féroce. Cette collection de textes témoigne en autant de variations de la continuité de ces thématiques dont l'actualité reste vive, comme les débris en orbite d'un ancien désastre revenant à intervalles réguliers me visiter.

 

Club de boxe en sous-sol

C’était toujours par des après-midis maussades que le bus de ramassage nous emmenait, nous et une autre classe - celle que l'on disait la plus nulle - vers le gymnase municipal de la seconde cité que comptait la ville, celle située au-delà de l’autoroute. Même si la nôtre était bien pourvue en équipements sportifs, il nous fallait parfois faire ce déplacement vers ce qui, dans l’angoisse anticipée d'abus en tous genres, s’apparentait à un abattoir. Il nous fallait faire longtemps la queue à l’entrée, filets de ballons à l’épaule et tenues de sport soigneusement pliées par les mères dans leurs petits sacs et prêtes à être passées. À la fin des années soixante-dix les baskets Adidas faisaient un malheur, surtout les blanches à bandes noires. J’avais du tanner mes parents pour avoir ma paire moi aussi, et pour une fois une paire de vraies, pas les arnaques à deux ou quatre, voire cinq rayures, tant la hantise de la came inauthentique, qui me séparait à jamais des beaux gosses, traumatisa mon enfance. Ainsi je me sentais pour une fois dans le coup et un peu plus attirant mes Adidas aux pieds, prêt à pénétrer dans l’horrible halle caverneuse et sombre, puante des sueurs accumulées et du caoutchouc des tapis à galipettes. Les murs étaient peints de couleurs institutionnelles standard, vert visqueux et orange-dégueuli, tout comme les classes du collège dont cet enfer n’était que l’extension. Les professeurs d'éducation physique portaient des ensemble en nylon chromatiquement assortis à cet environnement, et dans leur froideur cassante et leur air revêche avaient quelque chose d’un peu malsain, voire même de franchement chelou.

C’est ainsi que le désir de nous faire prendre une douche après l’entraînement tourna chez eux très vite à l’idée fixe, surtout dans l'esprit dérangé du nôtre qui, avec ses lunettes fumées de mec pas net et ses survêts moulants qui laissaient voir son slob, avait dans tout l’établissement une réputation de gros vicelard. Outre ses mises en boîte complètement nazes sur nos corps maladroits (en équilibre précaire sur ma poutre je fus un jour qualifié de 'voltigeuse') toutes les occasions étaient bonnes pour nous voir nous dessaper et il n'était pas rare qu'il gueule comme un veau pour nous donner du cœur à l'ouvrage. Car venant d’un pays plutôt coincé sur les questions de nudité et de plus d’une classe ouvrière indécrottablement pudibonde, personne ne trouvait cela très normal et la mise à nu collective avait quelque chose de visiblement pénible pour de jeunes garçons en pleine mutation physique. Bref, rien du naturel ou de l’insouciance germanico-scandinave autour du corps en liberté, mais une angoisse insupportable et humiliante dans l’exhibition forcée. Pendant des années les gymnases et vestiaires attenants furent les sites de cette honte primaire, de ces abus de pouvoir arbitraires, d’autant plus que mon homosexualité supputée m’exposait à une violence latente de la part des élèves des 'mauvaises classes'. Ma vision de la masculinité se résumait donc à l’obscurité sordide de ces locaux confinés, aux odeurs infectes de pieds et à l’anticipation d'une agression inévitable.

Ici en Allemagne les choses commencent à prendre une tout autre tournure. Le processus avait certes été amorcé à Londres où mon apprentissage de la boxe m’avait à nouveau familiarisé avec l’univers des douches - même si là-bas puritainement séparées en cabines -, mais n’avait été que partiellement clos. À Berlin, ville qui transpire le cul de partout, ce qui jadis était source d’une répugnance et d’une terreur irraisonnées est en passe de devenir un fantasme érotique de premier ordre. Reconquérir les vestiaires allait de pair avec la question cruciale de ma réintégration à une masculinité aussi crainte que désirée et de la réappropriation de ce que je considérais m’appartenir de droit. Ayant de plus fait l’expérience d’un exhibitionnisme décomplexé dans quelques bordels de la ville, la route était toute tracée pour ma réconciliation avec le monde du sport. Certes le club que je fréquente est très largement pédé mais l’illusion est convaincante. C’est un peu comnme si nous nous amusions à parodier ce qui nous avait été si longtemps refusé dans une sorte de surenchère sur les codes comportementaux virils, comme ne plus se changer en loucedé sous sa serviette ou prendre sa douche dans la partie collective, bon matage de bites en sus. Ce réinvestissement fortement éroticisé s’accompagne d’un fétichisme de plus en plus affirmé pour toutes sortes d’accessoires jadis liés à l'EPS (les trois lettres qui faisaient trembler) comme, éternels classiques, les Adidas et chaussettes blanches (de préférence déjà longuement portées) ainsi que ces petits shorts de polyamide bleus bien échancrés qui ont su garder leur côté New York années soixante-dix tout en découvrant l’entrejambe de façon alarmante et dans lesquels on est pris de l'envie de faire les pires saloperies. Sans mentionner une fixation croissante sur certaines fonctions corporelles fortement olfactives. Chose inouïe, la 'voltigeuse', revenue de ses après-midi d’ennui et d'effroi, en aura finalement su en goûter les troubles cachés.

 

First published as Les Puritains, 2006.

 

Topographie de la Terreur - Terrain vague enneigé

J'aimerais pouvoir me remémorer chaque histoire infime de mon enfance et rendre sensible l'invariabilité abrutissante de la vie dans cette ville de périphérie, la constance des mécanismes d'abjection et d'oppression qui la font tourner dans sa normalité revendiquée, la violence fondamentale qui informe son existence même. Sous ses apparences enjouées et solidaires la collectivité s'autorégule et se rend capable des pires exactions au nom de sa propre survie. Dans son omniprésence et son inévitabilité la violence s'exerce à tous les niveaux et sous des formes multiples: dans les lieux anodins du quotidien, les poches de temps statique des après-midis ensoleillés, les déflagrations infimes de la conscience, la peur au ventre à la vue des attroupements près du hall d'entrée, une géographie de l'horreur où les organes officiels de l'éducation de masse et du grand commerce laminent les âmes et les corps déviants.

Il existait face à l'immeuble familial et au-delà du mur d'enceinte une étendue vaste et informe qui avait été rendue à son état élémentaire. On l'appelait le 'terrain vague' et dans son enchevêtrement dense de ronces et de végétation sauvage ne servait guère qu'aux vieux cons du coin pour y promener leurs chiens et, sait-on jamais, y faire de bien jolies rencontres. L'espace était bordé d'un côté par un enchaînement pavillonnaire coquet habité par des retraités et des familles 'bien' et de l'autre par une continuité de Zeilenbauten d'aspect indifférencié, ceux que ma mère appelait 'les HLM' pour bien marquer son statut récemment acquis de résidente privée. Le terrain vague était si inhospitalier qu'il ne se prêtait même pas au jeu. C'était plutôt une sorte de jungle où l'on n'arrivait que par accident ou inattention, à la suite d'une frayeur soudaine ou du fait d'une contrainte extérieure. Je m'y étais perdu pour la première fois un jour pendant la pause du déjeuner. Un grand des classes supérieures, un molosse répugnant que je connaissais à peine, m'avait frappé à la tête alors que nous rentrions en groupe par l'allée ombragée menant à l'église. Je me sentis infiniment humilié par ce coup gratuit, qui ne fit que confirmer et rendre encore plus intolérable l'insignifiance silencieuse et discrète dans laquelle je me voyais tout entier sombrer. Mon corps, dont la naissance au monde était tout sauf harmonieuse, devenait inconfortable et déplaisant, sentiment que la mode prétendument exclusive imposée par ma mère - en fait de médiocres imitations repérables au premier coup d'œil - ne fit rien pour dissiper. À la suite de la claque je me suis je ne sais comment retrouvé dans le terrain vague, environné de toutes parts d'arbustes déchiquetés et squelettiques, au bord des larmes et nerveusement ébranlé. C'était un jour morne et plat. Le ciel était d'un blanc uniforme sur l'étendue boueuse couverte de merde, une journée ordinaire dans une ville de banlieue célébrée pour sa douceur de vivre et le dynamisme de sa communauté. Avançant au milieu des ronces je voyais la fenêtre de ma chambre par-delà le mur d'enceinte. Là on m'attendait pour le déjeuner, là se déroulaient les rituels d'une autre normalité qui devait à tout prix rester imperméable à celle qui sévissait au dehors. C'était là mon obsession fondamentale, entièrement engendrée par la honte de ma propre faiblesse, que l'incertitude et l'hostilité du monde n'y pénètrent jamais.

Les quelques semaines précédant Noël il faisait déjà noir au moment de quitter l'école. Parfois nous rentrions directement du gymnase, l'un des nombreux éléments du dispositif d'abaissement physique et moral que comptait la 'Topographie de la Terreur'. Les vacances scolaires étaient toujours l'occasion de réjouissances particulières puisque la famille ne se reconstituait véritablement que pour cette unique célébration, avant qu'un repli étrange et une lente décomposition des liens n'y mettent fin quelques années plus tard. Je me sentais bien à l'abri dans l'appartement, posté devant la télé et pensant à cette immense famille, cette galaxie infinie et complexe au sein de laquelle j'avais ma place incontestée et étais l'égal de tant d'autres. Cette année-là il avait même neigé et sur la dernière ligne droite avant la maison le terrain vague s'ouvrait béant sur ma gauche, une obscurité insondable de laquelle rien n'émergeait. Plus loin dans la rue un groupe de garçons dont je ne discernais que les silhouettes s'avançait vers moi, une menace à la fois vague et familière qui me fit redouter le pire. Arrivés à ma hauteur ils m'agrippèrent en proférant des insultes et me précipitèrent violemment dans les buissons en contrebas, avant de poursuivre tranquillement leur chemin. L'épaisseur de neige était telle dans le terrain vague qu'il m'était impossible de me relever. Je ne sais combien de temps j'ai attendu là dans l'étendue compacte et bleue, qui semblait faiblement irradier dans la nuit, engoncé dans ma vraie-fausse veste militaire qui telle une camisole entravait tout mouvement. À l'horizon l'appartement familial brillait déjà de tous ses feux, mais là où je me trouvais il aurait aussi bien pu se trouver à des années-lumière. C'est alors qu'une amie de classe, S., passa en vélo. Elle habitait l'un des pavillons pour gens bien qui bordaient la rue et m'aida à m'extraire de l'uniformité glacée. La honte m'étreignait et je ne pus rien lui dire de ce qui m'avait amené là. Je regagnai ainsi l'appartement au troisième étage, atterré de me savoir à la merci d'un danger si proche dont rien ne me protégeait... Des années après le terrain vague fut décimé et sur son emplacement la ville érigea un complexe géronto-commercial, un supermarché Lidl et une maison de retraite flambant neuf avec salles communes s'ouvrant sur le parking à la vue de tous - retisser du lien social comme on dit. Ma mère trouva l'architecture très réussie, au point de déclarer: "le jour venu ton père et moi, on n'aura qu'à traverser la rue". Ce fut sans doute la chose la plus triste qu'elle m'ait jamais dite.

 

First published as Étoile des Neiges, 2006.

 

English version

Le mardi soir je me rends à un club de boxe de Weißensee. C'est une rue désolée et usinière de l'Est de Berlin. Les hommes vont et viennent au gré des entraînements qui y ont lieu. Je me tiens au milieu de la grande salle près du ring et les regarde plaisanter en une langue qui n'est pas la mienne. Je me demande s'ils sont de l'ex-République Démocratique, quels souvenirs ils peuvent en avoir gardé. Je viens de me changer. Les vestiaires étaient pleins de garçons que je ne connaissais pas. L'odeur qui se dégageait de leurs corps d'hommes à peine formés était entêtante.

Ça se passait à 13h le mardi. L'appel des classes pour le début des deux heures de sport hebdomadaires se faisait dans la cour centrale. C'était un temps transitoire durant lequel la cité semblait absente à elle-même. L'ensemble scolaire était une succession de cours connectées par des passages étroits et de pavillons isolés aux toits ondulés. La troupe des élèves se dirigeait pleine d'anticipation vers le complexe sportif de la commune. Le défoulement allait pouvoir commencer. Les vestiaires étaient pleins de garçons que je ne connaissais pas. L'odeur qui se dégageait de leurs corps d'hommes tout juste métamorphosés était insupportable dans les promesses de violence qui en émanaient.

Je me ruais vers la sortie dans la panique et le chagrin d'avoir dû finir là, loin de la sécurité de ma chambre et des musiques qui l'habitaient. Ils me rattrapaient invariablement, la honte et la terreur me rendant aphasique, comme si pour se défendre le cerveau devait garder ses dernières forces vitales et se débarasser du superflu. En passant je remarquais que le pavillon des arts plastiques avait une nouvelle fois été saccagé, ses grandes verrières brisées, les meubles renversés et les murs recouverts des longues coulées vives de peinture. Les vacances d'été allaient commencer, les dernières que la famille allait passer là. L'idéal moderne de progrès social se désagrégeait tout entier en cette fin d'année dans la vision des écoles incendiées et de ma dissolution dans une non-existence terne contre laquelle on ne pouvait rien. La négation du grand projet architectural qui avait baigné mon enfance éclatait dans une violence terrible.

Sur le chemin du retour, au seuil du dernier été, la lumière était dorée, celle des soirs de banlieue que j'avais si souvent regardée de ma fenêtre, et les promesses du plaisir à venir me rendaient invraisemblablement léger. J'avais vu ma prof de musique s'éloigner gaiement, sa jupe longue à pois virevoltant autour de sa grande silhouette gracile. Pour elle aussi le dernier jour était un véritable soulagement. J'ai appris plus tard qu'elle s'était suicidée, les jeunes étaient devenus vraiment trop durs... Je traversais l'étendue verte du coeur de la cité une dernière fois, et de loin en loin chaque secteur de la ville idéale se déroulait dans ses propres variations chromatiques. La plaine était parsemée de folies et sculptures en tous genres, cet art vibrant et didactique pour prolétaires. Les entrées d'immeubles étaient recouvertes d'inscriptions énormes et baveuses parlant d'argent et de baise, des bittes grotesques, le signe du dollar. À l'issue de l'immensité d'herbe devenue rouge sous le soleil déclinant la mère attendait dans l'appartement, comme tous les jours de toutes ces années passées là. Dans ma chambre la musique retentissait à nouveau, ainsi que les voix diaphanes des présentatrices de la radio, mes héroïnes, mes alliées et amies dans l'émergence d'une folie qui ne finirait désormais plus.

 

I went back to the boxing club which I had once run away from. It's on the edge of Weißensee near a major tramway junction, in the midst of a disused industrial estate, at the start of the East lying beyond the familiar, desirable districts and urban culture of Prenzlauer Berg. The street was empty and its noises muffled by a coat of thick snow. I was devoid of any thought and made sure to stay that way until I'd arrived at the club. From the unattended reception the training rooms were brightly lit and full of activity. Men were already training hard in all parts of the gym. There was a line of heavy sandbags hanging down from the ceiling and a huge ring like a shrine as the focal point of the huge space. My presence remained unacknowledged so I headed for the changing room. The place was dark and airless. Clothes were strewn across the floor and spilling out of broken lockers. It was like coming back to an old familiar place which I'd seen many times before, an empty vessel drifting into infinity with old feelings and images illuminating it from the inside.

The showers were hidden in a corner and I could only hear fragments of conversations. There was nothing of the boisterousness and sense of seething threat that I'd come to expect from any straight male congregation. I glanced sideways and could vaguely see outlines of naked bodies standing next to me. There was nothing to differentiate my body from theirs and my safety was guaranteed by the imaginary invisibility brought by my apparent indifference. I didn't look at them, therefore they didn't see me. Back in the gym men were arriving for the next training class. Most were younger than me and I couldn't help wondering whether they were from the former Democratic Republic and what sort of memory they might have kept of the old order, or if they might actually remember the country at all. They were joking amongst themselves in a language that wasn't mine, whose clatter and inflexions were ringing in my ears. I was smiling to them, at the epicentre of the dragon's domain, amused to find myself in a situation that, as I realised, had been the goal of my presence there. Like Anna stripping in front of the bloody, tentacular creature in Possession, her own dragon waiting in the bedroom. From my old topography of terror gradually emerged a new articulation of desire.

At one o'clock the children were made to gather in the central courtyard. It was sport time. The school was an array of interlocked playgrounds interspersed with curved-roofed glass and concrete pavilions. Once at the municipal sports complex the locker room were already full of young men I didn't know. The smell of their nascent adult bodies was heady and the prospect of impending abuse deeply unnerving. The eruption of social/physical violence was always sudden, and it was there that it was first revealed in its barest form. My being dissolved in the dampness and squalor of changing rooms, the rubber of new sports shoes bought at the local supermarket, the overpowering stench of chlorine at the communal baths, the suffocating whiffs of bodily odours mixed with detergents, the boys' bewildering physical transformation. An incontrollable anguish took hold of me: the prospect of my own disintegration, the impending dismemberment of my body in their hands, its susceptibility to monstrous mutations, it all had suddenly become awfully real. For the first time I saw the intrinsic vulnerability of my body drifting off into a space far removed from the certainties of childhood and the timelessness of the female, immaterial voices that peopled my world. I would make a hasty exit so as not to be exposed to their taunts. This was often pointless and spurred them into even more viciousness.

Fear and shame kept me locked in a perpetual silence. On my way back I noticed that the arts pavilion had once again been disfigured, its fragile windows smashed in, its furniture knocked over and paint grossly smeared across the walls. It was the modern dream of social progress disintegrating along with the architecture it had spawned and the last summer holidays the family would ever spend there. Pornographic inscriptions were appearing everywhere, all over buildings, hallways and staircases. Hurriedly I would get back to my mother who was waiting, as she'd invariably done all those years. Locked in my room I would again listen to the radio whose alluring voices were, against the tide of rising collective madness, my ultimate company, hope and salvation. One Monday morning, halfway across the grassy void, I saw that the nursery school had been burnt down. It was told that it'd been wrecked and set ablaze during the night. The acrid stench of devastation was permeating the air and fear set in a little bit more in my heart. What once had been the tiny set of an enchanted world lay there on the bare concrete floor, charred and lifeless. It was a warning sign of things to come, of my tearing apart and the collapse of the epic of modernity that had so long mesmerized me.

 

First published as Les Garçons dans les Vestiaires/Dragon's Domain, 2005.

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